LE PASSIF
Passif, ça veut dire quoi ???
Imaginez un bâtiment parfaitement isolé, comme s’il avait été recouvert d’un manteau qui le protège autant l’hiver que l’été. Un peu de soleil, la chaleur émise par votre propre corps, par vos équipements électriques et voilà : il fait bon à l’intérieur. C’est ce que l’on appelle le passif. Retour sur les principes sur lesquels se fonde cette méthode.
tiré du "Petit guide du passif" 2023/2024 rédigé par l'association La Maison du Passif
QU'EST-CE QUE LE PASSIF ?
Méthode de conception de bâtiments la plus aboutie sur le plan énergétique, le passif vise à utiliser au mieux les apports de chaleur solaires et internes et à les conserver à l’intérieur par une isolation très renforcée.
Objectif : offrir des lieux de vie sains, au confort thermique inégalé, dans lesquels il fait doux en toute saison, sans système traditionnel de chauffage ou de climatisation.
Le Bâtiment Passif est une solution concrète qui a fait ses preuves. Elle permet une transition écologique efficace, un contrôle du risque lié à l’approvisionnement en énergie, tout en luttant contre la précarité énergétique. Elle connaît un engouement de plus en plus important auprès du grand public, des collectivités, des médias… C’est la solution que l’association La Maison du Passif promeut depuis sa création. La conception de Bâtiments Passifs fait aussi partie des solutions de réduction des émissions de gaz à effet de serre mises en avant par le GIEC et par un nombre croissant de villes en France (Rouen, Rennes, le Grand-Est…).
La dépense énergétique pour le chauffage et la climatisation d’un bâtiment passif est deux à trois fois moindre que celle d’un bâtiment respectant la réglementation énergétique et environnementale (RE 2020) imposée aux projets neufs ; et dix fois moindre que la moyenne du parc existant, ce qui diminue considérablement l’impact du bâtiment sur l’environnement.
Le label Bâtiment Passif permet de garantir cette performance énergétique.
Toutes les typologies
Le passif est compatible avec toutes les typologies de projets : maisons individuelles, habitats collectifs, bureaux, musées… Qu’il s’agisse d’un petit volume ou d’un immeuble de grande hauteur, tous ces bâtiments existent en passif. Le passif s’adresse donc à tous, des particuliers aux bailleurs sociaux en passant par les collectivités territoriales. Mais sa conception est exigeante et il est impératif de s’entourer de professionnels qualifiés pour mener à bien un projet passif.
Sous toutes les latitudes
La conception passive est applicable sous n’importe quelle latitude et dans n’importe quelles conditions : ainsi, des bâtiments passifs existent et fonctionnent très bien dans les régions froides comme chaudes, depuis Helsinki jusqu’à Doha.
Pour tous les modes constructifs
Le passif permet une grande liberté architecturale : ce n’est, en quelque sorte, qu’un paramètre supplémentaire dans la phase de conception. Côté matériaux, les possibilités sont donc larges : la structure du bâtiment peut être en bois, en béton, en métal, ou encore mixte. Néanmoins, nombreux sont les bâtiments passifs qui font la part belle aux matériaux biosourcés.
En rénovation aussi
Il est tout à fait possible de rénover un projet pour lui conférer des performances passives. Ce, en isolant soit par l’extérieur – le plus simple –, soit par l’intérieur quand l’on ne peut toucher à la façade, comme dans le cas de bâtiments classés Monuments Historiques. En chauffage, un bâtiment rénové en passif consomme 10 à 15 fois moins que la moyenne du parc français.
LES 4 PRINCIPES-CLES
DU PASSIF
L'ENVELOPPE
Élément essentiel du passif, l’enveloppe est comme le « gros pull » que l’on met lorsqu’il fait froid dehors.
Deux à trois fois plus performante que ne l’exige la réglementation actuelle, l’enveloppe thermique des projets passifs garde la chaleur à l’intérieur en hiver et la fraîcheur en été. Si elle est aussi efficace, c’est parce que ces bâtiments ont souvent des murs épais, du fait de la quantité d’isolant utilisée. À titre d’exemple, en posant 20 centimètres d’isolant plutôt que 10, on abaisse en moyenne sa facture de chauffage de 40 %. Pour équilibrer la quantité d’isolant nécessaire, il est recommandé de concevoir des bâtiments compacts : on diminue ainsi la surface de l’enveloppe à isoler.
Autre caractéristique de cette enveloppe : la suppression des ponts thermiques, l’une des mesures d’économie d’énergie les plus efficaces. Ces ponts thermiques sont comme des passerelles qui laissent circuler le chaud et le froid entre l’intérieur et l’extérieur : par exemple, un plancher qui traverse l’isolation et conduit une importante quantité de chaleur dehors l’hiver. L’enveloppe doit donc être ininterrompue, de la même manière que l’on met ses gants, son écharpe et son bonnet pour compléter l’effet protecteur du « gros pull » et s’assurer un confort optimal.
LES OUVERTURES
En passif, les ouvertures, comme les fenêtres et baies, jouent un rôle essentiel : ce sont elles qui assurent principalement le chauffage des pièces. Concrètement, il s’agit de recueillir un maximum d’énergie solaire grâce à l’orientation du bâtiment ainsi que l’emplacement et la taille de ces ouvertures. C’est ce qui permet aux bâtiments passifs de se passer le plus possible de chauffage traditionnel. Voilà pourquoi, en France, la plupart des constructions passives sont généreusement ouvertes au sud, un peu moins en direction du nord. Étant donné que, de manière générale, les fenêtres sont moins isolantes que les parois opaques comme les murs, le triple vitrage est souvent employé dans les projets passifs : tout l’enjeu consiste à ne pas perdre l’énergie gagnée grâce au soleil à cause des menuiseries et du froid qu’il fait dehors. Puisque le soleil suffit à assurer le confort des habitants en hiver, beaucoup pensent qu’un bâtiment passif est trop chaud à la belle saison. Au contraire ! Grâce à son enveloppe, son étanchéité à l’air irréprochable et l’installation d’une ventilation double-flux, une construction passive est moins sujette aux variations de température. En outre, un bâtiment passif bien conçu est équipé de solutions extérieures contre la surchauffe, comme des brise-soleils ou des stores.
L'ETANCHEITE A L'AIR
À l’instar d’un pull en laine qui ne vous protège du froid dans la tempête que s’il est associé à un coupe-vent, l’isolation d’un bâti ment n’est efficace que si elle est associée à une étanchéité à l’air performante. Pour bien fonctionner, un projet passif se doit donc d’être parfaitement étanche à l’air. Pourquoi ? Il faut savoir que dans un bâtiment, une paroi non étanche à l’air est synonyme d’inconfort et de surconsommation d’énergie. En premier lieu, parce que les courants d’air sont comme des ponts thermiques : quand il fait froid dehors, ils peuvent entraîner d’importantes déperditions de chaleur. Qui plus est, quand l’air chaud s’échappe par les endroits non étanches, il se refroidit. Alors, l’eau se condense, ce qui amène moisissures et champignons, responsables de la dégradation du bâti et de la santé des occupants. Cette couche étanche à l’air nécessite une attention particulière, tant pendant la phase de conception que pendant l’exécution du chantier. Elle implique également le recours à du matériel spécifique reconnu pour sa durabilité.
LA VENTILATION
L’enveloppe passive étant rendue étanche par le « coupe-vent » que représente la couche d’étanchéité à l’air, et l’ouverture des fenêtres n’étant pas nécessaire, la méthode passive peut susciter quelques interrogations. Comment l’air est-il renouvelé dans un projet passif ? En fait, c’est un dispositif particulier qui assure toutes ces fonctions : la ventilation dite « double-flux » avec échangeur de chaleur. Ce système extrait en permanence l’air vicié de la cuisine, des toilettes, de la salle de bains et, si nécessaire, des pièces à forte charge olfactive. Parallèlement, il récupère l’air neuf à l’extérieur, le purifie grâce à des filtres très performants, puis l’insuffle dans toutes les pièces de vie, par le biais d’un réseau dédié de gaines. Grâce à l’échangeur de chaleur, cet air neuf est chauffé sans consommation excessive d’énergie, en récupérant la quasi-totalité de la chaleur de l’air vicié : l’air entrant est « préchauffé » par l’air sortant. À la différence d’un bâtiment traditionnel où l’air vicié mais chaud est simplement jeté dehors, ici, c’est comme si cette chaleur était recyclée. Et la chaleur récupérée par ce système est loin d’être négligeable. Ainsi, pour avoir sa place dans un bâtiment passif, une VMC double-flux doit pouvoir récupérer plus de 75 % de la chaleur de l’air sortant pour la communiquer à l’air entrant. Au passage, l’on comprend d’autant mieux l’intérêt d’une bonne étanchéité : en effet, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe du bâtiment permet que la totalité des flux d’air se croisent dans l’échangeur de la VMC double-flux, sans fuites parasites qui entrent ou sortent du bâtiment sans passer par l’échangeur.
UN LABEL POUR QUOI FAIRE ?
La labellisation est une vérification qui garantit le respect des critères du standard visé. Elle s’intéresse à la conception et à l’exécution des éléments sensibles du bâtiment : isolation, fenêtres, ventilation, ponts thermique et étanchéité à l’air.
La labellisation vérifie le respect de 4 critères principaux :
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Besoin de chauffage inférieur à 15 kWh/(m².a) d’énergie utile pour le neuf.
Pour EnerPHit, ce critère est modulé entre 15 kWh/(m².an) et 30 kWh/(m².an) selon la rigueur du climat
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Consommation totale en énergie primaire non renouvelable (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh/(m².a). Une équivalence existe pour l’énergie primaire renouvelable selon les niveaux Classique, Plus ou Premium
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Etanchéité à l’air de l’enveloppe maximale à 0,6 /h pour le passif et de 1,0 /h pour EnerPHit
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Fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année